Référence :145533

Écrits inédits, notes, carnet et papiers divers sous l occupation et dans la Résistance. 1943 1944.

Manuscrits - Maublanc, René

1944 Ensemble: - 1/- Lette autographe du 5 mars 1943 signée « Vidal », 14,5 x 19, papier écolier, 2 pages. Vidal est le pseudonyme de Pierre Villon (1901 1980). Rédacteur à l Humanité en 1940, il remplace Politzer à la tête des comités d intellectuels du Front national et dirige l Université libre; il sera bientôt l un des trois «V» du COMAC et l un des principaux rédacteurs du programme social du CNR. Il demande ici à Maublanc de rentrer à Paris afin de participer activement au Comité directeur du Front national: « ... à la fois dans la rédaction de textes de circonstance, dans l élaboration du journal central du FN (dès que nous aurons une imprimerie) et enfin dans des délégations à faire auprès de personnalités de Paris et de province, susceptibles d être amenées à faire partie du Cté Directeur ou des Ctés départementaux ... » - 2/- Relevés manuscrits de surveillance du passage des trains, 3 ff., 14,5 x 27, au verso de papiers de fortune. Trois gardes effectuées par René Maublanc de mai à septembre 1943 sur la ligne Paris Rouen. - 3/- «La débâcle des fascismes», manuscrit de René Maublanc, le 10 août 1943, 5 ff., 14,5 x 27, au verso de papiers de fortune. Une vigoureuse définition du fascisme : «dictature d un hyper-capitalisme très concentré», dans son apparence, une doctrine anticapitaliste, et sa réalité profonde, les trusts au sommet de l État ... à l exemplede l Italie, de l Allemagne et de Vichy ... Au seuil de la débâcle, le Comité des forges, l État-major («qui avaient préparé et réalisé la défaite», Pucheu, Lemaigre-Dubreuil ... tous se déguisent en démocrates, lâchent les fantoches au pouvoir Darlan avant Badoglio et proposent front commun contre l URSS. En vain. - 4/- «Remarques» [réflexions sur le rôle de la bourgeoisie et du capitalisme dans la Collaboration]. Manuscrit de René Maublanc, sd (1943-1944), 31 ff., 15 x 14, au verso de papiers de fortune. En trois sections: Un préambule historique, justifiant l alliance «de l eau et du feu», les blocs prolétariens et fascistes contre le bloc bourgeois «hypothèse exclue par les seuls imbéciles»- car le vrai conflit ne s engagerait qu avec l union de toutes les démocratie (y compris l URSS) contre le fascisme; la trahison de ceux qui veulent le renversement des alliances, en aidant au besoin à la défaite. Une analyse de l opinion française sous l occupation, ponctuée d anecdotes, insistant sur «le poison» de l Action française. Un tableau plus approfondi du fascisme français et de la Révolution nationale, fracturé entre nationaux (Pétain, Maurras, Pucheu, le Comité des Forges, Darlan, les généraux ... ) et socialistes (Laval, Déat, Doriot ... ), les premiers livrant la Patrie, les seconds supprimant les libertés ouvrières. Cette farce, sans aucune assise populaire, a eu l avantage de ruiner pour longtemps tous les principes du conservatisme social et du capitalisme libéral. Quel chemin parcouru depuis la Chambre bleu horizon, conclut-il, quand les seuls mots de révolution et socialisme déchaînaient les passions. L obstacle idéologique est levé! - 5/- Récit des journées d insurrection à Paris du 16 au 26 août 1944, vécues par René Maublanc; 14 ff. manuscrits au verso de papier de fortune, 9 de format 16 x 25, 5 de format 13 x 17. Il quitte Chevreuse le 16 août pour rallier l insurrection et ses camarades (Dolmon, Lablénie, Wallon ... ). Il trouve une situation politique passablement confuse: négociations pour la ville ouverte, «tripatouillages» pour un gouvernement anti De Gaulle ... Toutes choses balayées dès le 18, dans un climat d allégresse générale. Il relate ses rendez-vous et pérégrinations: mitraillages à Saint-Michel, «cheveux des poules des Allemands coupées dans la joie générale», faubourg Saint-Honoré ... Le 20, il rejoint Wallon, éphémère ministre du quai de Grenelle, rapporte l installation des locaux et la trouble intrusion de l ancien secrétaire particulier de Bonnard, se disant agent double de longue date. Le 26 août, les combats reprennent, les chars alliés arrivent et les drapeaux fleurissent: «pas un drapeau soviétique», regrette-t-il.- 6/- Papiers divers: notes de lectures et mémos d informations. Près de 50 ff. manuscrits, de formats divers, sur papiers de fortune [1943 1944]: relevés d extraits de presse, principalement Je suis partout et La Gerbe, notes de lectures d ouvrages, copieuses pour Monzie (La Saison des juges), Déat (L Allemagne en guerre), Rebatet (Les Décombres), Maurras (Quatre nuits de Provence), Lorrain, Bordeaux, Daudet, Suarès, Hermant ... .- 7/- Cahier de 14 croquis dessinés par René Maublanc à Chevreuse, 1942 - 1954 : vues de Chevreuse et de Choisel, autoportrait, portrait de Yanic son épouse ... - 8/- Témoignage de M. René Maublanc sur la Résistance et la Libération, recueilli par Melle Gouineau en octobre 1951 : 4 ff. tapusctits : Successivement, ses deux activités convergentes:: L Université libre, le journal et l organisation du FN universitaire; l organisation syndicale; in fine son retour à Paris et la prise du Ministère.- 9/- Brassard FFI Université de France FN, de René Maublanc.

René Maublanc (1891 - 1960) fut l un des animateurs de la résistance universitaire, avec, notamment, Georges Politzer, Jacques Solomon, Jacques Decour ou Pierre Villon. Normalien, agrégé de philosophie, acquis au socialisme sous l enseignement ou l influence de Durkheim, Lucien Herr ou Lévy-Bruhl, admirateur de la Révolution d octobre, il s est voué à la diffusion de la pensée marxiste (il n adhérera au Parti communiste qu en 1943). Il anime le Cercle de la Russie neuve puis s engage avec Paul Langevin,Georges CogniotetJean Baby dans le combat antifasciste au sein de l Association des écrivains et artistes révolutionnaires (AEAR)puis du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes (CVIA) dont il sera membre du bureau exécutif huit mois. Dès octobre 1940, il participe aux premières réunions clandestines universitaires avec, notamment, Jean-Richard Bloch, Joliot-Curie et Henri Wallon. Il est associé à la fondation en novembre 1940 de l Université libre puis de La Pensée libre en mars 1941. Déchu de son poste à Henri IV en septembre 1942, refusant sa mutation, il quitte paris se réfugie chez un ancien élève à Chevreuse. Désormais sous le nom de Jean Lenoir, il s investit de plus en plus dans L Université libre dont il deviendra rédacteur en chef en octobre 1943. Membre du Comité national du Front national universitaire ou il représente l enseignement secondaire, il Suvre aussi à la reconstruction clandestine du syndicalisme enseignant. À la libération, il sera brièvement chef de cabinet d Henri Wallon à l Éducation avant de reprendre son poste à Henri IV et son activité militante.

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